Assumer sa liberté


Assumer, claire, grave, toute la conscience de mon intime liberté, de mon inaliénable liberté. Seule me juger, seule tendre l’oreille au commandement intérieur, seule obéir. Même si l’amour était autre, était tel que je l’ai contemplé en moi, merveilleux de vertu, il y a quelque chose qu’il n’atteindrait pas, qu’il n’atteindra jamais, noeud profond de mon être, fibres de rêve, fibres secrètes, cordes de volonté invisibles tendue entre ma première et ma dernière journée. Ecoute-toi dans ta substance, femme, substance qui seule est tienne: fais en sorte d’entendre ce qu’elle réclame pour elle, toi seule tu le peux, personne ne saurait t’aider, écoute, en dehors de tout sentiment et de toute idée, en dehors de ton supplice et de ton droit, en dehors de ta maternité, où sacrifice et rébellion, humilité et orgueil ont la même grandeur et où pèsent d’un poids égal la joie et la douleur, ta loi parle–écoute-la. Elle parle frémissante. Tu l’entends. Souviens-toi. Souviens-toi pendant tout le temps à venir. Et si à ton dernier jour, après des milliers de journées inexorables, tu gis épuisée dans un désert, invoque la mort si tu veux, mais encore souviens-toi d’avoir écouté ta loi à l’heure lointaine et ne la renie pas en fermant les yeux.


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