La montagne, à droite


Un sujet a été assez peu évoqué durant les récentes primaires, alors qu’il constitue selon moi un enjeu incontestable et aux conséquences potentiellement dramatiques dans les années à venir : l’Histoire telle qu’elle est enseignée à l’école. Le sujet n’intéresse personne alors qu’il est à mon sens révélateur de la faillite actuelle de notre système. Il y a encore peu, je me suis rendu à Chamonix pour y faire un incentive, et j’ai eu l’occasion d’en parler un peu avec d’autres personnes. Nous sommes notamment revenus sur le fait que plusieurs candidats à la primaire avaient dans l’idée de réécrire les livres d’Histoire proposés dans le cadre scolaire : ils souhaitaient en présenter une version idyllique où serait absente toute notion de culpabilisation concernant l’époque coloniale. Rien que ça ! Le plus souvent, ce qu’on apprend à nos gosses à l’école laisse les gens indifférent, en dehors de quelques catholiques radicaux toujours prêts à monter au créneau. Mais dans le cas présent, la question soulevée mérite vraiment qu’on en parle. Parce que tout ça trahit un glissement de notre pays vers l’extrémisme. C’est un glissement si total que nous en sommes comme anesthésiés ; ce qui se passe est tellement grand que nous nous laissons porter par le courant. Le PS a pour ainsi dire disparu, et ne subsiste plus qu’en lambeaux. Mais la droite n’est pas mal non plus ; très divisée, elle a été progressivement phagocytée par l’extrême-droite. Et si vous pensez que j’exagère, pensez que des politiciens LR, donc non affiliés au FN, suggèrent désormais de refaire l’Histoire pour mettre en avant une belle histoire patriotique ! Cette expansion de l’extrême-droite partout en Europ et dans le monde est un mauvais signal pour la démocratie. Tout le monde semble l’accepter trop facilement. Alor que selon moi, c’est ce genre de dérive qui conduit aux pires heures de notre Histoire. Et je pense que la victoire de Trump n’est que la première étape d’un naufrage à bien plus grande échelle. Pour finir sur une note plus légère, j’ai été conquis par cet incentive à Chamonix. Je vous mets d’ailleurs en lien l’agence qui l’a mis en place : l’organisation était complètement barge mais au final, je me suis laissé prendre au jeu.



Les indemnisations de la CPI


La Cour pénale internationale (CPI) tient mardi ses premières audiences publiques sur d’éventuelles indemnisations pour les victimes de crimes de guerre en République démocratique du Congo. Les audiences, qui se poursuivront jeudi, devront permettre aux juges de la chambre de première instance de déterminer combien peuvent recevoir les anciens enfants soldats recrutés par le chef de milice Thomas Lubanga dans l’est de la République démocratique du Congo en 2002 et 2003. Un million d’euros a été alloué au dossier par le Fonds au profit des victimes, un organe indépendant mis en place par le traité fondateur de la CPI, le Statut de Rome. Ce Fonds, qui reçoit des contributions volontaires versées par les gouvernements membres de la CPI, d’organisations internationales et de particuliers, demande notamment l’approbation des juges pour ses projets visant à réhabiliter les victimes. Les juges avaient décidé en mars 2015 que Thomas Lubanga, qui avait été en 2012 la première personne condamnée par la CPI, devrait indemniser « personnellement » ses victimes. Le Fonds a proposé aux juges un plan d’action qui vise à « réconcilier les victimes avec leurs familles et les communautés affectées » et à « contribuer à la réintégration efficace des anciens enfants soldats » dans la société. De nombreuses victimes « sont encore stigmatisées et souffrent d’un sentiment de honte » pour leur rôle dans le conflit, assure le Fonds. Ils sont qualifiés de « génération perdue », incapable de se réadapter à la vie civile: les jeunes hommes sont perçus comme « violents » tandis que les jeunes femmes sont vues comme « souillées ». Thomas Lubanga, ancien chef de l’Union des patriotes congolais (UPC), avait écopé de 14 ans de prison pour avoir enrôlé des enfants, dont certains à peine âgés de onze ans, et les avoir utilisés comme soldats ou gardes du corps en 2002 et 2003 dans le nord-est de la République démocratique du Congo. L’Ituri, région riche en ressources, en or notamment, est en proie à des violences qui ont fait quelque 60.000 morts depuis 1999, selon les ONG. Ces audiences permettront aux juges d’examiner « le type de projet qui doit être mis en place », a assuré un représentant de la CPI à l’AFP. Mais ces réparations ne seront pas individuelles mais « collectives », a ajouté la même source. Des ONG ayant travaillé avec des enfants soldats présenteront des projets s’étant montrés efficaces par le passé mais une décision sur le montant total et les projets choisis ne sera rendue qu’à une date ultérieure. Le Fonds, qui évoque 3.000 enfants soldats présents au sein des rangs de l’UPC à l’époque, a également été chargé d’évaluer les victimes concernées: si 129 personnes avaient été autorisées à prendre part au procès, seulement 31 d’entre elles ont été interrogées et évaluées. En juin, celui-ci avait affirmé que l’échelle des réparations était « de moins en moins évidente » alors qu’il n’est pas certain que la « chambre approuvera des dizaines, centaines ou des milliers de victimes comme des personnes ayant droit à des réparations ».



Violences urbaines


Les inner-cities américaines ont été l’un des sujets du premier débat opposant Donald Trump à Hillary Clinton. Alors que la notion de ghetto ne pouvait pas réellement s’appliquer au cas des banlieues françaises, notamment en raison de l’hétérogénéité des populations qui peuvent les composer, quels sont les risques de voir apparaître de telles enclaves en France ? En quoi les flux migratoires récents, notamment en provenance d’Afrique, conjugués à une volonté politique d’abaisser le niveau de dépenses publiques, peuvent-il participer à la formation de tels ghettos, associant homogénéité ethnique et intense pauvreté, sur le modèle des ghettos américains ? Les risques de voir émerger des ghettos ethniques en France comme il en existe aux Etats-Unis sont particulièrement élevés dans le courant des trente prochaines années si les flux migratoires devaient perdurer au niveau actuel avec une dominante de personnes originaires de pays qui ont déjà fourni de gros contingents d’immigrés à la France dans les cinquante dernières années, c’est-à-dire les pays du Maghreb et, accessoirement, ceux d’Afrique noire. En effet, du fait d’une démographie plus dynamique, produit d’une fécondité plus élevée et d’une structure par âge plus jeune, au bout d’un certain temps, les concentrations ethniques vont avoir tendance à se renforcer, les êtres humains préférant se regrouper entre personnes membres d’une même communauté. On le constate déjà dans les villes moyennes de province à forte communauté maghrébine et/ou turque, où existent de petits quartiers quasi-exclusivement peuplés par ces populations, suite à la fuite générale des autres populations. Dans les grandes métropoles, les flux migratoires étant plus diversifiés, ce n’est pas encore le cas, l’hétérogénéité ethnique dominant jusqu’ici (on parle souvent pour les désigner de quartiers aux « x » nombres de nationalités !), il existe déjà des immeubles, voire des îlots d’habitat ethnicisés, mais pas des quartiers entiers. Cependant, certaines tendances, comme le fait que les populations musulmanes pratiquantes cherchent à se rapprocher des mosquées, ou les affrontements entre Maghrébins et Chinois en Seine-Saint-Denis, pourraient bien conduire à l’émergence de quartiers peuplés uniquement de Maghrébins. Faut-il craindre l’émergence d’un communautarisme d’une forme nouvelle ? La France n’est-elle pas plus « armée » pour faire face à l’implantation réelle de telles zones ? Ces tendances devraient faire définitivement basculer la France dans le multiculturalisme, c’est-à-dire une société où co-existent des communautés différentes, sans fusion entre elles, processus très différent de l’assimilation. La traduction politique serait le développement d’un clientélisme communautaire à l’échelle locale, qui existe déjà, mais risque de s’accentuer grandement, avec des logiques de « chantage » auprès des élus locaux par les membres les plus revendicatifs de certaines communautés. Sur le plan économique, cette nouvelle donne pourrait conduire à l’émergence d’un marché du travail à deux temps : celui des autochtones et celui des communautés. Dans ce cadre, pour empêcher les inégalités, l’Etat serait obligé de promouvoir une politique de quotas, accordant d’office un certain nombre d’emplois aux membres d’une communauté ghettoïsée pour éviter le chômage de masse. Sur le plan social, les dérives communautaires risquent d’être importantes, l’Etat perdant le contrôle sur ce qui s’y passe réellement, surtout si émerge une demande d’enseignement scolaire spécifique à une communauté. Cet ensemble d’ingrédients peut conduire à la violence si les populations sont revendicatives vis-à-vis de l’Etat, mais cela peut aussi bien se passer si les gens se sentent bien dans leur pays d’accueil, comme le montre le cas des nombreux Chinatowns dans le monde. Séparation ne signifie pas forcément conflit ! La France n’est guère armée pour faire face à une éventuelle apparition de quartiers ethniques puisqu’elle nie le multiculturalisme. Nos dirigeants s’accrochant à la République une et indivisible, qui les conduit à mener une politique assimilationniste, l’émergence d’une société multiculturelle est non pensée car non souhaitée, comme en témoigne la poursuite des politiques de « mixité sociale » (en fait, de mixité « ethnique »), qui, pourtant, ne fonctionnent pas. Plutôt que de prendre acte de la réalité d’une évolution, que l’on peut regretter, mais qu’il est difficile de contrecarrer sauf en mettant fin à l’immigration provenant des pays concernés, l’Etat préfère nier le phénomène.