Violences urbaines


Les inner-cities américaines ont été l’un des sujets du premier débat opposant Donald Trump à Hillary Clinton. Alors que la notion de ghetto ne pouvait pas réellement s’appliquer au cas des banlieues françaises, notamment en raison de l’hétérogénéité des populations qui peuvent les composer, quels sont les risques de voir apparaître de telles enclaves en France ? En quoi les flux migratoires récents, notamment en provenance d’Afrique, conjugués à une volonté politique d’abaisser le niveau de dépenses publiques, peuvent-il participer à la formation de tels ghettos, associant homogénéité ethnique et intense pauvreté, sur le modèle des ghettos américains ? Les risques de voir émerger des ghettos ethniques en France comme il en existe aux Etats-Unis sont particulièrement élevés dans le courant des trente prochaines années si les flux migratoires devaient perdurer au niveau actuel avec une dominante de personnes originaires de pays qui ont déjà fourni de gros contingents d’immigrés à la France dans les cinquante dernières années, c’est-à-dire les pays du Maghreb et, accessoirement, ceux d’Afrique noire. En effet, du fait d’une démographie plus dynamique, produit d’une fécondité plus élevée et d’une structure par âge plus jeune, au bout d’un certain temps, les concentrations ethniques vont avoir tendance à se renforcer, les êtres humains préférant se regrouper entre personnes membres d’une même communauté. On le constate déjà dans les villes moyennes de province à forte communauté maghrébine et/ou turque, où existent de petits quartiers quasi-exclusivement peuplés par ces populations, suite à la fuite générale des autres populations. Dans les grandes métropoles, les flux migratoires étant plus diversifiés, ce n’est pas encore le cas, l’hétérogénéité ethnique dominant jusqu’ici (on parle souvent pour les désigner de quartiers aux « x » nombres de nationalités !), il existe déjà des immeubles, voire des îlots d’habitat ethnicisés, mais pas des quartiers entiers. Cependant, certaines tendances, comme le fait que les populations musulmanes pratiquantes cherchent à se rapprocher des mosquées, ou les affrontements entre Maghrébins et Chinois en Seine-Saint-Denis, pourraient bien conduire à l’émergence de quartiers peuplés uniquement de Maghrébins. Faut-il craindre l’émergence d’un communautarisme d’une forme nouvelle ? La France n’est-elle pas plus « armée » pour faire face à l’implantation réelle de telles zones ? Ces tendances devraient faire définitivement basculer la France dans le multiculturalisme, c’est-à-dire une société où co-existent des communautés différentes, sans fusion entre elles, processus très différent de l’assimilation. La traduction politique serait le développement d’un clientélisme communautaire à l’échelle locale, qui existe déjà, mais risque de s’accentuer grandement, avec des logiques de « chantage » auprès des élus locaux par les membres les plus revendicatifs de certaines communautés. Sur le plan économique, cette nouvelle donne pourrait conduire à l’émergence d’un marché du travail à deux temps : celui des autochtones et celui des communautés. Dans ce cadre, pour empêcher les inégalités, l’Etat serait obligé de promouvoir une politique de quotas, accordant d’office un certain nombre d’emplois aux membres d’une communauté ghettoïsée pour éviter le chômage de masse. Sur le plan social, les dérives communautaires risquent d’être importantes, l’Etat perdant le contrôle sur ce qui s’y passe réellement, surtout si émerge une demande d’enseignement scolaire spécifique à une communauté. Cet ensemble d’ingrédients peut conduire à la violence si les populations sont revendicatives vis-à-vis de l’Etat, mais cela peut aussi bien se passer si les gens se sentent bien dans leur pays d’accueil, comme le montre le cas des nombreux Chinatowns dans le monde. Séparation ne signifie pas forcément conflit ! La France n’est guère armée pour faire face à une éventuelle apparition de quartiers ethniques puisqu’elle nie le multiculturalisme. Nos dirigeants s’accrochant à la République une et indivisible, qui les conduit à mener une politique assimilationniste, l’émergence d’une société multiculturelle est non pensée car non souhaitée, comme en témoigne la poursuite des politiques de « mixité sociale » (en fait, de mixité « ethnique »), qui, pourtant, ne fonctionnent pas. Plutôt que de prendre acte de la réalité d’une évolution, que l’on peut regretter, mais qu’il est difficile de contrecarrer sauf en mettant fin à l’immigration provenant des pays concernés, l’Etat préfère nier le phénomène.


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