Redistribution dans une économie centrée sur l’humain


Les États jouissent d’un énorme pouvoir pour redistribuer les richesses et réduire les inégalités par le biais des dépenses et de la fiscalité. Les observations réalisées pendant plus de 30 ans sur plus de 150 pays, qu’ils soient riches ou pauvres, révèlent que l’investissement dans la santé, l’éducation et la protection sociale réduit les inégalités. Cela s’explique par le fait que les dépenses publiques peuvent contribuer à réduire les inégalités de revenus en assurant à tous un revenu « virtuel » ou réel. Il a été démontré que cela réduisait les inégalités de revenus de 20 % en moyenne au sein de l’OCDE ; d’après une récente étude portant sur 13 pays en développement, les dépenses consacrées à l’éducation et à la santé ont contribué à 69 % de la réduction totale des inégalités. Lorsque les États fournissent des services publics de qualité, gratuits ou fortement subventionnés, les personnes les plus pauvres dépensent le minimum de leurs propres revenus pour en bénéficier. Pour les personnes les moins bien payées, la valeur financière de tels services peut dépasser celle de leurs revenus salariés. Les services publics de qualité bénéficient en tout premier lieu aux femmes, car ils allègent le travail de soin non rémunéré et corrigent les inégalités d’accès à l’éducation et aux services de santé. Les avantages sont d’autant plus forts lorsqu’ils s’accompagnent de mesures spécifiques telles que la gratuité de la garde d’enfants. La privatisation de l’éducation et des soins de santé renforce indéniablement les inégalités économiques et les inégalités entre les femmes et les hommes, ces services devenant uniquement accessibles aux personnes ayant les moyens de payer. L’éducation privée peut en outre réduire la mobilité sociale, renforçant d’autant les inégalités en y enfermant les générations futures. La redistribution d’aujourd’hui est la prédistribution de demain : c’est un investissement dans l’éducation et la santé de tous les enfants pour leur donner un maximum d’opportunités et bâtir une société fondée sur le talent plutôt que sur les privilèges. L’impact des services « en nature » peut être amplifié si les États apportent une aide financière directe, notamment par le biais de programmes de protection sociale comme les programmes de transfert d’espèces. Ceux-ci protègent les citoyen-ne-s contre les événements imprévus ou contribuent à s’assurer que les personnes les plus pauvres reçoivent un coup de pouce en matière de revenus. Les États doivent répondre à l’ambition de l’OIT en matière de socle de protection sociale et garantir une couverture universelle.