Les confidences des infiltrés


Dans son livre enquête « Les guerres de l’ombre de la DGSI », qui vient de paraître aux éditions Nouveau Monde, Alex Jordanov consacre un chapitre au lieu de culte de Torcy, fermée pendant huit mois entre 2017 et 2018. Édifiant. Torcy, avril 2017. Pendant de la fermeture de la mosquée gérée par l’association salafiste Rahma, dissoute depuis, les fidèles avaient continué à prier en plein air, sur le parking. LP/Julie Olagnol. Par Julie Olagnol Le 5 juin 2019 à 15h17, modifié le 5 juin 2019 à 15h35 Visé par une note blanche des services de renseignements en 2017 , le lieu de culte a été fermé pendant huit mois. Il a rouvert début 2018. Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, avait alors remis les clés au président de la nouvelle association qui assure depuis la gestion de la mosquée. Alex Jordanov lui consacre le chapitre « Camping-car et Algeco », en référence au préfabriqué de l’avenue Lingenfeld. En compagnie des officiers du renseignement Rayan et Yanis, il a marché sur les traces de Jérémy Bailly, un islamiste converti membre de la cellule terroriste dite de Cannes-Torcy « Ils sont un certain nombre d’agents comme Yanis, un cercle fermé de spécialistes de l’islam, à avoir prié dans à peu près tout ce que la France compte de mosquées qualifiées de salafistes par le gouvernement, c’est-à-dire plus d’une centaine », détaille le journaliste dans son livre. « Ces officiers sont des disques durs. Je suis un scribe. Il y a environ deux ans, ils m’ont emmené sur les lieux de la filature à la sortie de la mosquée, au Lavomatic en face, dans le box où il y avait les armes, là où habitait Bailly », se souvient-il. Des fidèles priaient armés Dans son livre, le journaliste Alex Jordanov consacre un chapitre à l’ex-mosquée salafiste de Torcy. Nouveau Monde éditions « À Torcy, l’imam Abdelali Bouhnik restait dans les clous et n’allait jamais trop loin dans les prêches. Mais les agents dont l’islam est la spécialité et qui ont fréquenté cette mosquée estiment qu’en privé, il tenait le traditionnel double discours », raconte Alex Jordanov. Newsletter Seine-et-Marne Chaque matin, l’actualité de votre département vue par Le Parisien Je M’inscris Votre adresse mail est collectée par Le Parisien pour vous permettre de recevoir nos actualités et offres commerciales. En savoir plus « Il faisait un peu du Tariq Ramadan C’était lisse en surface mais le policier est pratiquant, il sait discerner, lire entre les lignes. Les barbus, comme il dit, ce n’est pas sa tasse de thé. Et puis, si la mosquée était fréquentée par Bailly, il n’y a pas de mystère… », explicite-t-il. On apprend que certains fidèles radicalisés recherchés, comme Jérémy Bailly, y priaient… armés. « Les officiers le voyaient sur lui et le savaient grâce aux écoutes téléphoniques. Il avait révélé à son père qu’il allait chercher son arme à la mosquée », indique le journaliste. Un box avec des kalachnikovs et des bombes Dans un immeuble du quartier, des membres de la cellule de Cannes-Torcy avaient réquisitionné un box. « C’était une caverne d’Ali Baba, assure le journaliste. Il y avait des kalachs, des armes de poing, des bombes cocotte-minute prêtes à l’emploi, des produits chimiques… », énumère Alex Jordanov. Un brouilleur de téléphone portable et de radio avait même été installé dans l’enceinte de la mosquée. « Un brouilleur, c’est louche. C’est délibéré. Ils sont méfiants. Quand tu entres là-dedans à 5 heures du matin pour la première prière, qu’il y a trente mecs qui te regardent et ne te connaissent pas, t’as une boule au bide », a confié Yanis, l’un des officiers de la DGSI, à Alex Jordanov. Les policiers ne pouvaient donc pas faire passer de messages depuis l’intérieur du lieu de culte. « Ils identifiaient les cibles notamment grâce leurs chaussures, précise Alex Jordanov. Mais c’est compliqué quand on ne peut pas communiquer avec l’extérieur. Bailly était un fou furieux. Le policier a pris des risques pour sortir de la mosquée avec lui et le suivre. »


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